L’entretien du Principe Vital


La théorie concernant l’entretien du principe vital vise à éliminer les maladies, à fortifier le corps et à atteindre la longévité. Dans le livre des mutations Yi Jing qui date de plus de 2000 ans, il est dit que si l’on peut se mettre en harmonie avec le Ciel et la Terre, même atteint des maladies, on ne peut pas mourir. C’est là une pensée correspondant à l’idée d’entretien du principe vitale. On trouve beaucoup de dissertations à ce sujet dans les ouvrages philosophiques des penseurs et des politiciens de la fin de l’époque des Printemps et Automne (270-476 av JC) comme dans le livre de la voie et de la Vertu de Laozi, celui des Entretiens de Confucius, Guanzi de Guanzi, qui peuvent être considérés comme les premiers éléments de cette théorie.

La pensée taoiste concernant l’entretien du principe vital a fourni les bases théoriques à cette méthode et a tracé le chemin à suivre pour la mettre en pratique. Laozi est le fondateur du Taoisme. Son lieu de naissance ainsi que ses dates de naissance et de décès sont inconnues.

Laozi ou Lao tseu auteur du livre de la Voie et de la Vertu, ouvrage de 5000 mots exprime des pensées profondes dans un langage succinct en un style poétique. Il entreprit ses recherches sur l’entretien du Principe Vital et sur la longévité par l’observation des nouveaux nés. Il disait que les nouveaux nés ont deux caractéristiques : d’une part la pureté, l’innocence et l’absence de désir, ils demeurent dans un état de vérité, de bonté et de beauté où le corps et l’âme sont en parfaite union, ils ne connaissent pas l’interférence des désirs et des sentiments complexes des adultes. D’autres part leur constitution est douce et tendre mais pleine de vie. Laozi compare la nature de l’homme à celles des plantes. Il dit qu’à sa naissance l’homme est doux et tendre, une fois mort il devient rigide. La vitalité de toute chose réside dans le doux et le tendre alors que la mort entraîne le dessèchement. D’où il déduit que le doux et le tendre l’emportent sur le ferme, renferment la vitalité tandis que la rigidité et la force mènent à la mort. Pour les espèces vivantes la rigidité est le début de l’acheminement vers la mort. Partant de ce point de vue Laozi dit que pour entretenir son principe vital, il faut retourner à l’état initial, à cet état de douceur et de tendresse du nouveau né.

Il dit que si l’on pouvait préserver son essence vitale en toute circonstance, on serait toujours plein de vie, et il deviendrait alors possible d’atteindre la longévité en parfaite santé. D’après Laozi, il faut prendre exemple sur les nouveau-nés, préserver son énergie vitale, se rendre souple et doux, réaliser l’union du corps et de l’esprit, éliminer l’interférence des pensées confuses.

Ce sont les idées de détachement, de neutralité et de vide primordial que les savants ultérieurs honoraient comme but ultime de l’entretien de l’essence vitale. Cette pensée de Laozi est aussi appelée « retour à l’origine » et elle eut une profonde influence sur l’évolution du QI GONG, d’autres part Laozi a encore émis le concept selon lequel le calme est maître de quiétude et l’emporte sur la frustration. Il faut maintenir un esprit calme, corriger l’état d’anxiété qui est nuisible pour la santé. Vacuité et quiétude de l’Esprit où le calme réside dans le mouvement et le mouvement dans le calme.

Il montre qu’en rejoignant le Tao par les exercices de QI GONG on atteint l’état exigé par le « Grand Véhicule » (du bouddhisme) et dans ce cas, l’être ressent la plénitude de son essence vitale, de son énergie et de son Esprit. Alors seulement il pourra connaître santé et longévité.

C’est en partant de cette philosophie que les taoistes ont découvert deux moyens pour atteindre la longévité: se retirer du monde et cultiver ses qualités originelles, c’est à dire se détacher des questions matérielles, de renom, d’honneur ou de déshonneur et aller dans la nature à la recherche de la Vérité qui permettra de cultiver son corps et son esprit dans le but de devenir immortel.

Le concept taoiste d’entretien du principe vital a eu une nette influence sur la médecine traditionnelle chinoise. Les moyens employés en médecine pour entretenir le principe vital s’inspirent directement des techniques taoistes : alimentation particulière, utilisation de plantes médicinales, le maintien de l’équilibre de son Esprit par des respirations particulières, le contrôle du flux énergétique dans le corps par le QI GONG et la restriction des désirs afin de conserver l’essence vitale. Il était indispensable de contrôler ses émotions afin de protéger son mental, d’apaiser son coeur pour préserver son corps. L’Esprit devait être libre de tout souci et de toute joie et le coeur vide de tout sentiment d’amour ou de haine. Alors seulement lorsqu’on a dépassé toute perception sensible, l’énergie du corps s’apaise.

Certains grands médecins élaborèrent non seulement des théories complètes sur l’entretien de l’essence vitale mais ils possédaient aussi beaucoup d’expérience pratique. Celui qui apporta la plus grande contribution dans ce domaine fut SUN SIMIAO (581-682) éminent médecin des dynasties SUI et TANG.

SUN SIMIAO était issu d’une famille pauvre. Intelligent et très studieux, il lut de nombreuses biographies, les classiques historiques et possédait une connaissance parfaite des différentes écoles de pensée. Bien qu’il excellât dans les mathématiques et dans le calcul YIN/YANG des calendriers, sa grande spécialité demeurait la médecine. Sous le règne de l’empereur des SUI, la cour lui offrit un poste, qu’il déclina en invoquant son mauvais état de santé. Plus tard l’empereur sans la dynastie des TANG, on lui proposa un titre de noblesse qu’il refusa, préférant continuer à oeuvrer comme médecin de campagne. Par son sens de l’éthique et de son immense talent il s’attira le respect du milieu médical de Chine.

Quelques anecdotes sur SUN SIMIAO :

Dans son enfance il était de santé très faible, il était plain de compassion pour les gens du peuple, les voyant mourir faute de moyens pour se faire soigner, il comprit que la vie humaine vaut plus que l’or, car on ne peut l’acheter. Il décida de devenir médecin et de soigner les malades, surtout les pauvres. Pour réaliser ce rêves, il étudia sans relâche les textes classiques et les livres de médecine de l’antiquité.Il commença à traiter des malades dès sa jeunesse et obtint d’excellent résultats. Sa réputation de répandit. La Cour lui proposa un poste de médecin au palais mais il préféra continuer à pratiquer parmi le peuple. Il était très attaché à ses patients. Non seulement il ne faisait jamais payer les pauvres mais en plus il leur fournissait des remèdes. Ceux qui venaient de loin étaient reçus chez lui, il préparait lui-même les décoctions et les traitait comme des parents.

Un jour un patient vint de plaindre de ne pas pouvoir uriner, « sauvez moi lui dit celui-ci ma vessie va exploser » Sun Simiao pensa qu’un remède serait trop lent, le mieux serait un drainage de l’urine. A ce moment un enfant du voisinage passa en soufflant dans un brin de ciboulette pour s’amuser. La pointe du tube n’était pas plus gosse su’une queue de lézard. Ceci éclara Sun Simiao. Il fit apporte un bout de ciboulette, prit la partie la plus mince et l’introduit doucement dans l’urètre du patient et l’urine s’évacua, il fût le premier à réaliser un drainage urinaire. Sun Simiao avait le don de tirer des leçons de la vie courante. Bon nombre de ses connaissances venaient au contact avec les plus démunis.

Les habitants des régions montagneuses souffraient souven de ce qu’on appelait « maladie du gros cou (hyperthyroidie) qui se soigne avec des algues, mais on ne trouve pas d’algues en montagne. Sun Simiao se dit que puisqu’on dit que manger du coeur fortifie de coeur, du foie fortifie le foie, peut-être que la thyroide du mouton pourrait guérir la « maladie du gros cou ». Il essaya et réussit à guérir plusieurs patients. On appris plus tard que la thyroide de mouton a une grande teneur en iode, comme les algues.

Les montagnards avaient encore une maladie particulière. Jouissant d’une vue normale pendant le jour, celle ci baissait au crépuscule; On appelait ce cas, la cécité du moineau (héméralopie). Sun Simiao se dit que si les riches n’étaient pas atteints de cette maladie, c’est que les pauvres souffraient d’une carence. Après réflexions, il parvint à la conclusion que les pauvres mangeaient moins de viande que les riches. Il essaya de donner du foie à ses patients et obtint un résultat satisfaisant. Nous savons que l’héméralopie est une carence de vitamine A et que le foie, justement en contient beaucoup.

La rigueur de Sun Simiao dans ses recherches était remarquable. Ses deux ouvrages Prescriptions valant mille onces d’or et Supplément aux prescriptions valant mille onces d’or contiennent un total de plus de 6500 prescriptions très efficaces. Pour les mettre à la portée de tous, il eut l’idée de graver les plus importantes d’entre elles sur une stèle qui fut érigée dans un lieu public. Le monument porte le nom de Stèle de l’essentiel des trésors valant mille once d’or. Pour rendre hommage à ce grand savant, o, le baptisa Roi de la pharmacie. Il vécut jusqu’à 101 ans, longévité exceptionnelle à cette époque. Elle est due à sa pratique assidue de l’entretien du principe vital par la protection du mental. Garder un esprit intact il convient d’éviter les excès, rejeter toute pensée égoiste, ne pas rechercher la gloire, la richesse, ni le pouvoir, de tout intérêt, se laisser aller au gré de la nature afin d’arriver à l’union du corps et de l’esprit et à l’harmonie entre l’interne et l’externe. Prévenir les maladies par des exercices réguliers de QI GONG et le DAO YIN (induction du flux énergétique dans le corps), ne pas abuser de la viande, manger léger, bien mâcher, ne pas laisser l’alcool ni le gras pénétrer dans les intestins disait-il. Ne pas manger quand on est de mauvaise humeur…

DAO YIN : méthode qui consiste de la position allongée, à se redresser, s’asseoir le dos bien droit, maintenir une respiration régulière et regarder droit devant soi. Poser les deux mains sur le sommet de la tête avec les doigts les doigts des deux mains entrecroisés, tourner le regard au sud, presser sur la tête des deux mains en poussant en même temps vers le haut du cou. Répéter ce mouvement 3 ou 4 fois. On peut faire un mouvement circulaire avec les hanches, s’étirer au maximum sur les cotés afin de mouvoir toutes les articulations, répéter 3 ou 4 fois.